Extrait inédit, Le pas-comme-si des choses à lire sur Remue.net
Me voici enfermée dans le vase en verre translucide posé sur la table du
salon. C’est la quatrième fois cette semaine, je suis bien embarrassée.
À force je ne sais plus où me mettre, où me poser pour me calmer, me
rasséréner, alors je choisis ce qui me tombe sous les yeux. Et, c’est
encore le vase. Bien sûr je peux toujours avoir une conversation, je
suis un peu à l’étroit mais on voit au travers donc cela ne pose pas de
problème à mon interlocuteur. Parfois il arrive qu’il me cherche
vainement dans la pièce, sans pouvoir trouver la provenance de ma voix,
je l’observe de la table, il tourne en rond, un peu désorienté, certains
ont même l’air très angoissé et croient à un tour de passe-passe. C’est
juste que, je ne peux pas me résoudre à trouver une forme définitive.
Je suis en quelque sorte hors champ, et ce en permanence. Les objets
brillent d’un éclat métallique, à mon contact, ils deviennent élastiques
tels des tubes en plastique. Alors, après quelques exercices
d’assouplissement, et quelques respirations profondes, je me soumets à
une gymnastique des plus contraignantes. Les résultats sont le plus
souvent étonnants. Je me glisse dans la canalisation de l’évier, je cale
ma tête dans le chapeau de lampe ou je m’enroule dans les rideaux. Je
finis par avoir exploré toutes les pièces de la maison, sauf la cave où
je serais trop invisible. Même en étant hors champ, je dois rester
proche de l’action, tel un électron qui gravite fatalement autour de son
noyau de protons et de neutrons. Living restraint. Je cherche ma propre texture en épousant la forme des objets qui m’entourent.
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Merci à Emmanuèle Jawad pour sa proposition de publication. Bonne lecture...
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crédit :Atoosa Vahdani
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